L'inspiration : "ce mythe pour fainéants" ?

"Tom venait de disparaitre dans son bureau pendant cinq jours, subitement happé par les muses de l'inspiration !
Par le travail ! Enfin, Olivia ! Tu sais très bien ce qu'il pense de l'inspiration, ce mythe pour fainéants ... "
Maxime CHATTAM, Le signal


Alors, l’inspiration ne serait qu’un mythe ?

Lorsque les idées se font rares, que nous butons sur les mots, cela ne serait dû qu’à notre manque de travail ?
Le travail appelle le travail. L’écriture appelle l’écriture. Plus on écrit, plus on veut écrire, plus il est aisé d’écrire.
Oui, je pense qu’il y a du vrai dans ces affirmations, il faut se lancer, persévérer, créer l’habitude. Cette habitude appelle la confiance, la confiance l’écriture, c’est un cycle vertueux.

Toutefois, à mon sens on doit indubitablement se gorger d’émotions, de ressentis, de vécu pour faire naître l’étincelle d’inspiration.

Alors est-ce que l’inspiration, à proprement parlé, n’entre en jeu que lors du processus de gestation de l’idée du récit ?
Puis une fois la matrice élaborée, ne reste-t-il plus alors, que le travail ?

Qu'en pensez-vous mes Plumes ?

ça aussi c'est une grande question mais j'adore cette question !

L'inspiration n'est pas un mythe, car tout vient bien de quelque part, mais ce n'est pas non plus "la muse" ou un Deus Ex Machina qui viendrait de nulle part, justement. C'est une des choses délicates avec ce mot : pour se mettre d'accord, il faut déjà le définir. En clair, pour moi, l'inspiration c'est ce qui vient d'ailleurs. Mais cet ailleurs peut être n'importe quoi et est, la plupart du temps, REEL. C'est quelque chose de concret qui nous donne l'inspiration.

Donc, pour moi, par exemple, un écrivain qui resterait TOUT LE TEMPS enfermé dans son cabinet de travail avec rien d'autre que lui-même et la feuille serait voué soit à s'assécher au bout d'un moment, soit à écrire des choses de plus en plus centrées sur ses propres lubies/folies/démons intérieurs et donc de plus en plus hermétiques. Chacun fait bien ce qu'il veut, donc c'est un choix personnel, aussi, de centrer son écriture uniquement sur ce que nous apporte notre cercle fermé, mais, selon moi, ça peut mener à ce qu'on appelle des blocages ou des pertes d'inspiration, la sensation de tourner en rond dans ce que l'on fait, etc. Ceci ne veut pas dire que la personne ne travaille pas, mais, selon moi, qu'elle travaille trop, ou mal, c'est selon. Je ne dis pas qu'il n'aurait pas, dans un premier temps, d'inspiration, de créativité, ni que ce que regorge son intérieur n'est pas intéressant, au contraire, ça l'est. Cependant, c'est sur la pérennité de la méthode que je m'inquiète.

Travailler, c'est bien. Il faut se donner un coup de boost et se dire, allez, j'y vais. Tout ne vient pas que d'une alchimie magique entre la feuille et le stylo qui voudrait que les mots apparaissent sans qu'on y mette du sien. Parfois, c'est le cas, mais, au bout d'un moment, on se rend parfois compte que le jet d'inspiration ne va pas très loin, on manque de suite dans les idées, comme on dit. C'est là que le "travail", intervient, il faut réfléchir, creuser, dénouer... L'élaboration d'une histoire part avant tout d'une volonté de faire quelque chose d'une inspiration fugace. Sans cette volonté, ça ne va pas loin.

Alors, quand on tient une idée et qu'on veut en faire quelque chose, on travaille dessus, on en fait une histoire qui se tient, et maintenant ? Il faut l'écrire. Alors on s'y met, soir après soir, nuit après nuit, et tout va bien, tant que tout va bien. Comme je le disais un peu avant, il se peut que le ruisseau se tarisse si l'on ne fait que travailler à écrire, tête dans le guidon, sans regarder autour de soi. Soit on a eu suffisamment d'inspiration à l'origine pour tout écrire d'une traite, soit, à un moment ou un autre du chemin, on se dit : mince ! je vais où maintenant ? je ne sais plus quoi faire ! ça arrive...
Honnêtement je ne sais pas si on peut dire que le "travail" suffit, si "travail" c'est écrire tous les soirs, tête baissée, ou même écrire en permanence sans regarder autre chose que sa feuille.

Je pense justement qu'un travail sur une histoire consiste aussi à savoir s'inspirer, trouver ses maitres, ses références, sa base de données.
°Il y a les écoles d'écrivains qui ne font pas de recherches et écrivent ce que dictent le plume sans chercher ailleurs qu'en eux-mêmes l'inspiration. Est-ce qu'ils ne font que travailler ou est-ce qu'ils ne font que compter sur l'inspiration ?
°Il y a aussi ceux qui font énormément de recherches et de travail préparatoire avant et pendant l'écriture de leur histoire. Est-ce qu'ils ne font que travailler ou est-ce qu'ils ne font que rechercher l'inspiration là où elle est, c'est-à-dire partout ?

Dans les deux cas, tout le monde travaille, c'est à dire écrit ou recherche, et compte sur l'inspiration, c'est à dire la recherche ou la suit...

Et dans le cas de quelqu'un qui ne travaillerait pas ? est-ce possible ? sûrement... dans ce cas, je pense que l'attitude est plus passive. On dit "j'attends l'inspiration", pour faire quelque chose. Puis on couche l'inspiration sur papier, et, quand elle se tarit, ou que l'on doit faire autre chose, on attend qu'elle revienne pour recommencer, et dans ce cas, effectivement, je pense qu'on avance pas très vite.

Mais vraiment pour ce qui est de l'inspiration, c'est un moteur nécessaire, elle existe, sans quoi on écrirait quoi ? franchement ? il faut bien un départ à tout... mais par contre je pense que le sens du travail d'écrivain consiste, pas seulement à écrire avec acharnement (parfois ça ne marche pas, c'est tout) mais à être actif dans se recherche de l'inspiration, si on en manque, en faisant des recherches, en regardant/lisant/écoutant des histoires qui permettraient peut-être de nous débloquer... c'est un vrai travail de rester en de bonnes conditions pour créer...
Après, quand on tient son histoire, le tout est d'être persévérant et motivé !