Terpsichore

Ambroise saisit une toile vierge posée dans un coin du salon et l’installe sur son chevalet. Il se frotte les mains, expire. Après quelques secondes passées à fixer le cadre blanc, il s’empare de sa palette et entreprend de débuter sa création.
Plusieurs coups de pinceaux assurés et francs plus tard, le corps splendide d’une Muse commence à apparaître. Terpsichore se pare des plus belles couleurs lui assurant un teint parfait et un sourire éclatant de réalisme.
Il se tourne, ramasse sa bouteille d’eau et descend les trois-quarts.  Lorsqu’il se redresse, le nez dans sa toile, il laisse échapper une exclamation de surprise.
La couronne qu’il a disposée sur la tête de sa Muse est remontée de plusieurs centimètres sur la chevelure blonde attachée en chignon. Il cligne des yeux plusieurs fois. Etrange. Il prend soudain conscience de sa faim, alors il se glisse jusqu’aux placards et en tire un paquet de cookies. Il en gobe plusieurs avant de retourner travailler sur son tableau.
Face à sa toile ayant profitée d’un rayonnement d’un arc-en-ciel, il ne peut s’empêcher de froncer les sourcils et d’avancer son visage jusqu’à frôler la peinture en processus de séchage. Il n’est pas dérangé, la Muse porte son luth de son autre main ! Alors qu’il se frotte frénétiquement le crâne, il croit discerner un mouvement au coin des lèvres de Terpsichore. Il se tourne vers la fenêtre, une voiture se gare en créneau, il revient à sa toile, le luth est revenu dans la bonne main ! Il se frotte férocement les yeux, se tourne face au mur de la cuisine, la cafetière l’appelle. Il se fait couler un café, le boit en savourant avant de retourner à son chevalet à pas de loup. Son cœur manque un battement lorsqu’il aperçoit sa Muse assise sur les marches en pierre, qu’il avait peint derrière elle. Son cou exposé, alors qu’elle penche la tête afin de profiter de la chaleur du soleil, sa robe abaissée sur ses épaules. Elle se redresse vivement lorsqu’elle l’aperçoit. D’une démarche assurée et sensuelle, elle se rapproche.
— Mais qu’est-ce que … ?
Avec un petit rire qui résonne dans la pièce avec écho, la Muse s’évapore. Terpsichore
reprend la posture dans laquelle la peinte Ambroise. Ce dernier cligne encore des paupières.
Une aura pailletée presque palpable se glisse hors du tableau et s’échappe par la fenêtre entrouverte.
Ambroise la suit du regard, la voit se couler dans la sculpture du voisin du cinquième étage du bâtiment d’en face…

Oh j'adore, surtout la fin, la petite lueur pailletée qui s'en va visiter un autre artiste.. Et tout du long, comment tu fais vivre cette peinture et l'étonnement du peintre, j'aime !
J'ai pensé au départ au portrait de Dorian Gray, et puis peu à peu je me suis mise à penser à une métamorphose grecque, une statue qui prend vie grâce à l'amour de son sculpteur, honte à moi je ne me rappelle plus du nom..
Chapeau en tout cas

Merci Nyx

En effet c'est très agréable comme tu manipules (ou plutôt comme la muse manipule) ton artiste. C'est... magique ?